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                             Saison 109, épisode 15

        La fois où Cyril Hanouna, il a joué à la PlayStation dans la tête à Pierre Roussel.

Avant match :
"Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections." Aristote
 

 

En ce mois de décembre, il a fallu beaucoup de philosophie aux supporters Cantaliens pour continuer de rêver. Trois défaites consécutives, infirmerie pleine comme un oeuf d'autruche, buteur en panne, malchance et surtout l'espèce de niaque, qu'on sentait presque à chaque sortie, semble avoir disparue, comme si quelque chose s'était cassé. Les stats des trois derniers matchs font peur : zéro essai, 86 pions dans la musette et, gâteau sous la cerise, la semaine dernière, l'humiliation en banlieue de Toulouse (to lose).
Devant la nouvelle billetterie, un petit homme monté sur une jambe et deux béquilles tente de rassurer les quelques fans qui l'entourent en le bombardant de questions : "Ca va ton genou ?... euh, ta cheville ?... et tes parents, y vont bien aussi ?... Tu fais quoi pour le réveillon ?... Ah, ah, ah, pas de ski cette année, hein ? Et tu reviens quand ?... Ah, tu nous manques bien..." - "Merci, merci beaucoup", répond poliment Polo Boisset, "je ne suis pas indispensable, les copains sont là... ça va aller". Pro.
Le Petit Prince de Jean Alric a la Foi et ma foi, il nous en faudra encore une fois.
 
Vas-y Polo, dessine-nous une victoire.

 

Pendant l'échauffement, les joueurs se font piquer la vedette par les deux juges de touche qui ont eu la bonne idée de venir faire leurs étirements devant la tribune. Le premier, le très excité Mr Guarana (ça ne s'invente pas) a un look incroyable : cheveux frisottants mais plaqués au Pento avec raie sur le côté, un peu à la Tom Cruise dans "Top Gun". Il sautille comme un cabri dans les Alpages mais en fait, en le voyant de plus près, c'est plutôt Bernard Menez dans "Jolie poupée". Le second, le jeune Mr Barboh (ça ne s'invente pas non plus) est, lui, carrément dans un trip Bad Boy : crâne rasé et casque Dr. Dre vert fluo vissé sur les oreilles. Il trottine un peu à la façon de Mohamed Ali avant un championnat du monde. Sur le bord de touche, il tente une petite accélération en pas chassé mais là, c'est le drame... Il trébuche sur l'herbe grasse, son casque tombe et, sortant des écouteurs, on entend brailler M.Pokora dans Robin des Bois. Vexé, le gringalet se relève et file de l'autre côté du terrain finir son échauffement. Risible.

 

Le match :

"Allez les rouges... allez les rouges... allez les rouges et bleus !!!" Ça fait vraiment plaisir de voir que le public n'en veut pas aux joueurs. Les drapeaux sont de sortie et tout le monde a l'air chaud comme la châtaigne échappée de la braise. Ah, zut ! C'est en fait la centaine de Biterrois présents qui font dix fois plus de bruit que la masse Auvergnate. Faut dire qu'avec leur gourde de rosé en bandoulière, ils semblent un peu plus en avance que nous à l'apéro et à l'entrée des joueurs, ils entonnent même un humiliant : "On est chez nous !!!".

 

GRRRRR.... Marathon rumine sa vengeance.

 

Dès le premier ruck, Pierre Roussel prend un énorme coup sur le citron qui le laisse les bras en croix et les yeux grands ouverts. Mais le jeu continue. Flippant.

Il se relève tel un zombie et trottinant en crabe, il part dans le sens inverse du jeu. Méga flippant.

Le soigneur le rattrape au vol et commence à lui poser les fameuses questions de Maddocks, préalable à tout "protocole commotion", comme on dit à la télé.

Le soigneur :

- Dans quel stade sommes-nous ?

Pierre Roussel :

- Petit Papa Noël.

 

 

Mais il y a une mêlée à jouer à l'autre bout du pré et Davidson s'impatiente  : "aloows, c'est bon Peter boowdel !!" . L'infirmier lui fait signe de la main : couci-couça. Là, le flanker Aurillacois en profite pour s'échapper et court rejoindre le pack. Le jeu reprend et les arbitres n'y trouvent rien à redire.

Les vingt premières minutes sont chiantes comme la pluie et les mouches. Heureusement qu'après un loupé, Petitjean retrouve son pied et donne six points d'avance au quart d'heure de jeu.

(6-0, 17e).

Entre temps, nous assistons à une nouveauté qui fera peut-être école : le "protocole commotion fractionné". Un arrêt de jeu, une question. Et tout ça, directement sur le terrain. Révolutionnaire.

Le soigneur :

- Dans quelle mi-temps sommes-nous ?

Pierre Roussel :

- Une PlayStation 4.

 

 

 

En tout cas, les Cantalous ont l'air dans le vrai ce soir. Les gros sont très bien en mêlée, impériaux en touche et très actifs dans le jeu mais c'est de l'arrière que vient le premier essai. Sur un regroupement, Yobo vient suppléer Gracia qui vient à son tour de se faire assommer par une brute Biterroise. Trois avants sont là, près du ruck, mais c'est Renaud qui fait le bon appel et transperce le rideau Languedocien. Bien.

(13-0, 27e).

Le pauvre Gracia, lui, n'a nul besoin de protocole. Il sort du terrain soutenu par deux porteurs d'eau, complètement KO. Roussel vient lui remonter le moral : "c'est pas grave, on mène 2 sets à 0 et puis de toute façon, t'as très bien patiné, mec !".

Bonne nuit Mickaël.

 

 

Trois minutes plus tard, les gros viennent mettre un bel essai de gros ; pénaltouche, cocotte, pick and go, Datu, dame. Somptueux.

(20-0, 30e).

Et voilà que le speaker se plante une fois de plus en attribuant, pour l'éternité, l'essai à Roussel. Évidemment, tous les médias et les officiels de la Ligue reprendront comme un seul homme l'info pourrie de l'animateur de quinzaine commerciale. Ainsi, dans deux cents ans, les descendants de notre cher poney Caucasien, le bon Datunashvili, ne sauront pas que leur illustre ancêtre a marqué ce soir.

 

Je sais que c'est con, mais, quand même, ça m'énerve.

 

Le soigneur s'avance pour continuer son protocole.

Le soigneur :

- Quelle équipe a marqué les derniers points ?

Pierre Roussel :

- Cyril Hanouna.

 

Les Héraultais, déjà réduits à 14 juste avant l'essai, prennent un 2ème carton jaune pour fautes à répétition. Dans les gradins, les quelques Prix Nobel Languedociens hurlent au scandale. Pourtant, eux aussi, après le rosé, viennent de passer au jaune. Santé.

Le neurologue de campagne profite de la confusion pour terminer l'analyse de son patient, de plus en plus moribond.

Le soigneur :

- Dieu existe-t-il ?

Pierre Roussel :

- Dans le contexte socio-économique moderne, cette question me semble........

Le soigneur :

- Oh pop pop pop pop... C'est bon, c'est bon mon Pierrot...

L'infirmier se retourne illico vers le banc et fait des moulinés avec ses mains. Changement immédiat. Davidson enrage : "Poutaing, les mecs maint'nant au rougby, c'est des fillettes !".

Pierre Roussel quitte le pré en gueulant à la tribune : "Bonsoir Paris ! Est-c'que vous êtes chauds ce soir ?".

 

 

A 13, la mêlée biterroise est au supplice et l'arbitre accorde très rapidement un essai de pénalité que nos amis, qui sont chez eux, trouveront très, très sévère. Cool.

(27-3, mi-temps).

A la buvette, les supporters de Béziers sont un peu moins fringants. Il semblerait que la transition rosé-pastis soit compliquée à gérer. Mais n'écoutant que leur courage, ils tentent le tout pour le tout et commandent du vin chaud.

Bienvenue chez vous.

 

Côté Cantalou, une fois n'est pas coutume, on fait preuve d'un réalisme impressionnant : 3 occas', 3 essais de plus. La première ligne a littéralement bouffé le pack Biterrois. Bref, on ne voit pas ce qui pourrait empêcher la bande à Kemp de remporter, non seulement le match, mais aussi le point de bonus. Mais c'était sans compter la célèbre "envie de Béziers", cette maudite fierté qui, en quelques minutes, va faire exploser aux quatre coins du Cantal le semblant de confiance que la première mi-temps nous avait fait miroiter.

D'un coup, la défense Cantalienne devient d'une fébrilité presque touchante, un peu comme un puceau à l'approche du grand soir. L'opération "portes ouvertes" est lancée et c'est d'abord Gerber, tranquille comme un pape (humour local), qui marque.

(30-10, 43e).

 

 

 

Puis les trois-quarts Biterrois vont nous faire vingt minutes de feu. A chaque balle rendue, les mecs avancent et combinent au milieu d'une défense qui semble déjà en vacances. Et même si l'essai de l'arrière, l'excellent Jean-Baptiste Peyras-Loustalet, est entaché d'un en-avant que même ma grand-mère aveugle (R.I.P) aurait pu voir, on n'a pas envie de se plaindre tant les Cantalous sont mangés tout cru.

(30-17, 60e).

Puis Conrad Marais, toujours sous l'impulsion de l'intenable Peyras-Loustalet, en met un autre. Et allez !

(30-24, 65e).

Voilà, ils sont revenus dans le bonus et il reste encore un quart d'heure.

 

Peur sur la ville.

 

 

Mais du coup, les Héraultais jouent un peu moins libérés, craignant Ã  leur tour de perdre les fruits de leur époustouflante deuxième période. Les dix dernières minutes seront irrespirables voire carrément suffocantes et quand la sirène retentit, le souffle provoqué par le ouf  de la tribune sera ressenti jusqu'à la pointe du Griou (m'a-t-on dit).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le match est fini depuis bien longtemps, Jeremy Davidson traverse le terrain pour regagner d'abord sa voiture puis son Irlande natale pour des vacances bien méritées. Il fredonne un vieux tube des Pogues quand il aperçoit Pierre Roussel, fraîchement douché, assis sur le banc de touche : "but, qu'est-ce que too faisé là Peter, boowdel ?". Le gentil Pierrot lui répond posément : "ben quoi, coach... j'attends le bus quoi..." - "So, Merry Christmas, Peter and Happy New Year".

Il s'éloigne, "dirty old town, dirty old town"......

 

 

 

L'action :

L'action du match côté Cantalou, c'est tout simplement la dernière. 2 minutes 30 à tenir le ballon, sans en-avant, sans faute au sol, sans passe foireuse. Belle maîtrise de l'ensemble du pack, bien amené par Adriaanse à un moment où tout ballon perdu aurait pu être fatal.

 

La boulette :

Point de boulette pour Noël. Foie gras.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le joueur :

Arrivé assez discrètement cet été du Munster où il cirait le banc, le jeune Brian Hayes nous a, une fois de plus, sorti un match très solide. Et, bien que le speaker de Jean Alric ne prononcera jamais son nom correctement, le brillant Brian gagne des points et s'impose de plus en plus comme un titulaire indiscutable.

So Irish.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mot du bon président Millette :

"Tirelipimpon sur le Chihuahua,

Tirelipimpon avec la tête avec les bras,

Tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas,

Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas !"

 

 

Les ROQUET  de la rédaction

A chaque match à domicile, la rédaction décernera aux joueurs, en toute mauvaise foi, les Roquet d'or : 

5 Roquet : Match exceptionnel, inoubliable, historique

4 Roquet : Très, très bon match

3 Roquet : Très bon match

2 Roquet : Bon match

1 Roquet : Pas mal

Datunashvili, Hayes

Fournier, Tokotuu, Catenzano, Maninoa

Lescure, Roussel, Roca, Petitjean, Renaud

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