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                                Saison 109, épisode 27

La fois où mon coeur a un peu saigné, mais pas trop quand même.

Avant match
 
Le grand événement de la semaine dans le Cantal est sans contestation possible l'extraordinaire météo qui a transformé le pays vert et gris en pays vert et bleu. En ce samedi matin, du marché gaiement revenu, j'aperçois des gaillards sortir en grappe du Grand Hôtel, qui d'ailleurs n'a de grand que le nom. Fiers comme des bars-tabacs, ils s'en vont peupler la terrasse voisine. Ils parlent fort et se la pètent un peu avec leurs équipements siglés Total et Air France (c'est sûr que ça fait sérieux comme sponsors...) Attablés au soleil, ils jètent des regards provocateurs aux hommes en âge de se battre et concupiscents sur les décolletés encore trop pâles de nos jolies fleurs de montagne. Je ne sais pas ce qui me retient de foncer dans le tas. La peur peut-être...
Enfin je me console en imaginant que ces conos rigoleront moins sous les charges de Maituku, je rêve de Fournier en train de tordre le cou aux monstres Béarnais, je vois les larmes couler sur leurs grosses joues quand Petitjean marquera après la sirène le drop qui les privera d'une demi-finale à la maison et d'une montée en Top 14. Merci les gars, vous m'avez vraiment donné envie de monter au stade.
 
Le match :
 
Coup d'envoi de Petitjean directement en touche.
Aie, ouille, zut.
Mêlée, pénalité, en-avant, plaquages foireux... les Aurillacois terminent leur digestion. C'est avec une facilité HAL-LU-CI-NAAANTE que les Palois vont marquer, on a l'impression d'être à l'échauffement, de voir les mecs faire une partie de Touch Rugby. Et c'est le jeune demi de mêlée Thibault Daubagna, tout surpris que sa feinte de crabos fonctionne, qui vient en terre cantalienne marquer le premier essai de sa carrière professionnelle. Sur le banc, Davidson hurle des insultes en anglais que la bienséance m'interdit de vous traduire. De son côté, Titi Peuchlestrade, les mains sur les hanches, semble imiter Bourvil dans Le Corniaud en lançant un strident "eh ben dis donc ! ".
(0-5, 4e).
 
Les dix minutes qui suivent sont cauchemardesques.
L'arbitre Monsieur Soulan, le bien nommé, de retour à Jean Alric après son inoubliable prestation contre Bourgoin, se fait de nouveaux amis dans le Cantal en sanctionnant systématiquement les locaux sur les mêlées et dans les zones de rucks. Il faut attendre un quart d'heure de jeu pour voir enfin Petitjean en tenter une et trois minutes de plus pour qu'il réduise enfin la marque.
(3-5, 20e).
Sur le renvoi, les Cantalous vont nous offrir un des plus beaux essais de la saison. Quasiment tous les joueurs vont toucher le ballon. Sans franchir le premier rideau, ils vont jouer à la patate chaude. Ils balaient le terrain de droite à gauche et de gauche à droite et hop, en deux temps trois mouvements, gagnent 40 mètres.
Après, c'est du Mozart : au début du récital, le chef d'orchestre Petitjean prend le premier trou, passe après contact pour Fournier le percussionniste qui reste debout et progresse de 5 mètres malgré trois Palois sur le porte-bagages. Fortissimo. Petitjean encore dans le secteur vient aider au déblayage. Le premier violon Boisset relève la balle et fait mine de partir au ras mais dans une improvisation de grande classe va balancer une petite chistera des familles pour son ouvreur à peine sorti du regroupement. Allegro. Petitjean a la gnaque nécessaire pour achever la symphonie par un saut de l'ange entre les poteaux. Grandioso.
En se replaçant, Fournier chante "pom, pom, pom, poooom.... pom, pom, pom, pooooomm" . Ah c'était donc du Beethoven.
(10-5, 23e).
 
Jusqu'à la pause, les Béarnais ne vont pas exister mais les jeunes trois-quarts Aurillacois n'en profiteront pas. Trop d'approximations dans la finition, d'imperfections dans la conservation et une inspiration en accordéon... ça sent la fin de saison. C'est bientôt la mi-temps et tant mieux car je n'ai plus de rimes en "on", c'est con, pardon.
 
Je passerai sur la hauteur des poteaux qui nous coûte encore 3 points (voir épisode précédent).
Petitjean, écoeuré par tant d'injustices, passe sagement le relais du jeu au pied au flegmatique Jack McPhee qui ouvre son compteur juste avant la pause.
(13-5, 40e).
 
Pendant la mi-temps, les Arpenteurs profitent des derniers rayons du soleil. Les Arpenteurs sont une catégorie de supporters étranges. Leur particularité c'est qu'ils sont là, au bord du terrain. Ils suivent le match au plus près en sillonnant la ligne de touche. Ils sont là par tous les temps, sous la pluie d'automne, dans le givre de l'hiver, dans les rafales du printemps et sous le cagnard de l'été. Souvent solitaire, l'Arpenteur n'a pas le temps de discuter, il marche et il marche encore. Certains d'entres eux regardent peu le match mais ils suivent obstinément l'arbitre de touche. Comme des clébards affamés, ils passent leur temps à aboyer sur l'homme au drapeau, contestant chaque mètre sur les touches, chaque décision même évidente. Les autres se contentent d'arpenter. Ils ne sont pas plus d'une vingtaine, toujours les mêmes ils n'ont pourtant pas l'air de se connaître. Je suis un Arpenteur.
Arpenteur forever.
 
 
Au retour des citrons les Palois, pourtant bien pâles, reviennent dans le match en marquant un essai d'entrée par leur ailier Néo-Zélandais Niko, bien aidé par des Aurillacois qui, comme des gamins à l'approche des grandes vacances, rêvassent au fond de la classe en attendant l'heure de la sonnerie.
(13-12, 43e).
En bons maîtres d'école, les coachs vont tenter de remettre un peu de discipline dans les rangs mais c'est peine perdue. Les garnements n'y sont plus et même si le redoublant McPhee donne un peu d'air à ses camarades par une pénalité, cela ne fera que retarder l'échéance.
(16-12, 63e).
 
Logiquement les kékés Béarnais vont tirer les glaçons du feu en inscrivant, sans vraiment forcer, le nombre de points nécessaires pour remporter le match.
(16-18, fin).
 
Total  et Air France  font la ronde de la joie au milieu du pré pendant que la Fromagerie Courbayres et le Géant Casino Aurillac  baissent la tête.
Putaing, les mecs y m'ont mal regardé, y z'ont maté les seins de ma meuf et y viennent nous battre ici ! C'en est trop ! Alors plutôt que de m'en faire un au hasard, pour le bien du Club, je décide de noyer mon chagrin dans la bière pourrie de la buvette.
 
L'action :
 
Belle action Cantalienne juste après leur essai. Les gros gagnent 40 mètres avant que Boisset serve Petitjean dans un fauteuil qui tente le drop. Mais le vent est capricieux et Maxime pas dans un grand soir alors...
 
La boulette :
 
Deux points de retard et il reste quatre minutes. Pénalité pour nous. McPhee, du milieu du terrain, va chercher une touche dans leur 22 mais trop gourmand, Jack le gaffeur rend la balle aux suppôts de Babylone.
Chier.
 
 
Le joueur :
 
Maxpau Boijean pour l'essai.
 
Le mot du bon président Millette :
 
"Il est pas là François Bayrou ? "
 
 
 
 

Les ROQUET  de la rédaction

A chaque match à domicile, la rédaction décernera aux joueurs, en toute mauvaise foi, les Roquet d'or : 

5 Roquet : Match exceptionnel, inoubliable, historique

4 Roquet : Très, très bon match

3 Roquet : Très bon match

2 Roquet : Bon match

1 Roquet : Pas mal

Maninoa, Boisset, Petitjean McPhee

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