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                                Saison 109, épisode 22

 La fois où si j'aurais su, j'aurais venu quand même.

Avant match :
 
Paris porte d'Orléans, midi. S'il n'y a pas de merde sur la route, je serais à Jean Alric pour le coup d'envoi. Bien sûr je suis conscient que ce n'est pas le match de l'année qui m'attend, mais après avoir loupé le dernier épisode, je ressens un bonheur simple à l'idée de retrouver l'odeur du gazon cantalien.
558 kilomètres plus loin, me voilà sur le parvis vingt minutes avant l'heure H. Oh ben dis donc ! Ils ont ouvert une boutique de merchandising dans la magnifique nouvelle billetterie !
Chouette !
Dans un coin de Marathon, les minots de l'école de rugby, invités à défiler à la mi-temps, font un rififi d'enfer en chahutant gaiement.
Sympathoche.
Tiens ! Les travaux de la tribune ont bien avancé. On peut désormais deviner le rendu final.
Ouah !!!
"Sur le dessin, elle faisait plus grande..." se lamente un supporter. C'est pas faux, mais on sait depuis l'enfance que le jouet en photo sur la boîte paraît toujours plus grand que le jouet dans la boîte. Le soleil pâle d'hiver nous offre un crépuscule langoureux de toute beauté. De là où je suis, je vois le brûlant se coucher juste entre les poteaux.
C'est beau.
J'y entrevois un bon présage pour la réussite de notre frétillant buteur. Hum... j'me sens bien. Si ça caillait pas autant, j'aurais peut-être même une demi-molle.


 

Les discussions de main courante me ramènent vite à la réalité. Après une nouvelle défaite sur la sirène le week-end dernier, pour beaucoup, la saison est pliée et les dernières rencontres ne seront qu'une succession de vulgaires matchs amicaux. Pour d'autres, tant que mathématiquement c'est pas fait, c'est pas fini... et pourquoi pas faire un truc à Agen ? Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! Et comme le braillait si fort Lara Fabian dans un de ses tubes digestifs : "j'y crois encore, on est vivant tant qu'on est fort, on a la foi tant qu'on s'endort la rage au ventre".    
Demi-molle ou demi-dure ? Eternelle question..


 

Le match :

 

Les hostilités débutent par une cagade monumentale de Valentin sous le renvoi Gersois. En-avant sur les 22.
Pfff... ça commence fort...
Sur l'action suivante, l'ami Albert va se rattraper en cassant 4 placages avant de lancer Ratu plein badin. Le Fidjien s'en va provoquer la faute Auscitaine à 30 mètres des barres.
Petitjean vise l'astre solaire et marque ses 3 premiers points de la soirée.
(3-0, 4e).
Les visiteurs attaquent le match avec de belles intentions. Certainement engaillardis par les statistiques désastreuses de la défense stadiste, ils n'hésitent pas à envoyer du jeu et sur quelques actions, ils ne sont pas loin de punir des locaux quelque peu assoupis.


 

Caminati recolle. (3-3, 9e).
Petitjean décolle. (6-3, 14e).
Le match s'embourbe dans la nuit et dans l'ennui.
Beaucoup d'approximations. Les mêlées se transforment en une espèce de bouillie où personne ne comprend plus rien. Même l'arbitre siffle un coup pour l'un, un coup pour l'autre, sans logique apparente.
En tout cas, Catanzano le talonneur Cantalou, lui, ne fait pas de chichis et à force de se chicorer avec les Gersois, va tomber dans son propre piège. C'est bien lui qui dégoupille en prenant à la gorge un gros d'en face. Tel un Chihuahua enragé, il refuse de lâcher son bout de viande et prend un carton. Il sort du terrain en grognant. "Nicow ! Au pied !", hurle Davidson. Pénalité.


 

Caminati re-recolle. (6-6, 16e).
Petitjean re-décolle. (9-6, 36e).
A la mi-temps la mauvaise humeur commence à gagner une partie de la tribune. C'est vrai que pour l'instant, on n'a pas eu grand chose à se mettre sous les prémolaires. Les attaques ne sont pas incisives. Le jeu du Stade sonne creux comme une ratiche cariée. Enfin bref, comme me confie un ami dentiste : "ça manque de mordant" .


 

On ne sait pas ce qu'il s'est dit dans les vestiaires mais à la reprise, les Cantalous semblent faire preuve d'un peu plus d'allant. Du coup, les Gersois se crispent et commencent à faire des fautes et surtout à vouloir faire mal physiquement à chaque impact. L'arbitre se transforme alors en shérif et fait respecter la loi et l'ordre : 2 jaunes, 1 rouge en 8 minutes. Un peu sévère tout de même.


 

A 15 contre 12, les Aurillacois vont enfin débloquer leur compteur avec un coup de rein de Yobo qui franchit le Rubicon gersois avant de balancer un petit coup de pied dans le cuir que Valentin, le Speedy Gonzales Cantalou, vient aplatir en terre promise. Petitjean enquille.
(16-6, 54e).


 

Les dix points d'avance semblent ne rassurer personne et Kemp, sur une nouvelle pénalité des 22, va demander les 3 points alors que la tribune réclamait à cor et à cri la touche. C'est vrai qu'à ce moment là du match (à 15 contre 13), on attendait un peu plus d'ambition. Mais bon. Petitjean lui ne tremble pas et ajoute 3 unités à la facture.
(19-6, 56e).
Les coachs décident de changer d'un coup toute la première ligne. Nous pouvons ainsi admirer le joker médical du Stade fraîchement arrivé de Tulle : le pilier Australien, Christopher Seuleni. Du gros, du très gros. Un quintal et demi. Le seul défaut visible à l'oeil nu, c'est que le gars a apparemment le même coiffeur que Bernie Tokotu qui l'a affublé lui aussi de la fameuse mèche folle faisant la réputation de notre sympathique Wallisien. Après Bernie la mèche, voici Chris la mini vague.


 

Sinon sur le terrain, c'est le festival international de la maladresse. Le public gronde et quelques sifflets chambreurs se font entendre. Certainement un peu piqués, les gros nous ressortent leur grand succès de l'année : la cocotte farcie aux rognons orgueilleux. Escur conclut la recette en beauté. Succulent. Petitjean re-enquille.
(24-6, 61e).


 

Les Auscitains sont écoeurés. Ils ne déméritent pas mais, en perpétuelle infériorité numérique, ils s'agacent et commettent trop de fautes. Quant à eux, les locaux, sans être transcendants, gèrent leur capital en bon père de famille. Nous aurons tout de même droit à une belle étincelle lorsque derrière une bonne mêlée, Adriaanse, Yobo et Petitjean combinent parfaitement pour servir Hayes qui étale la pointe de son double mètre au delà de la ligne.
(29-6, 73e).
Bon il est temps que le match se termine avant que quelqu'un ne se blesse. Ca n'en vaudrait pas la peine. Victoire avec bonus offensif. Les Cantalous ont fait le métier sans génie mais sérieusement, patiemment.
"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" disait Corneille dans son double album Le Cid.


 

En effet ce soir, malgré les 5 points, point d'enflammade. Juste un résultat qui permet aux joueurs de partir en vacances le coeur un peu plus léger avant le dernier bloc.

 

L'action :

 

Comme une lueur dans la nuit, le seul souvenir de la première mi-temps que l'on gardera, c'est cette action au delà de la sirène où l'on a retrouvé the Cantalou's flair : Yobo, Petitjean et McPhee vont complètement étourdir la défense en envoyant une splendide combinaison à base de re-re-re-doublés. Hélas, Valentin va louper le coup de grâce en laissant échapper le précieux juste avant la ligne. Dommage.
 
La boulette :
 
Pour les siffleurs de Jean Alric qui ne cessent de revendiquer un Rugby Authentique, qui enragent contre certains nouveaux riches de l'ovalie ou fustigent l'arrogance du voisin corrézien. Mais il faut d'abord balayer devant son buron. Quelles qu'en soient les raisons, ceux qui sifflent les buteurs ont toujours tort. Non seulement ça ne sert à rien mais en plus ça fait passer l'ensemble du stade pour des chauvins abrutis.
Je le dis la main sur le coeur, jamais je ne sifflerai un buteur. Seulement les arbitres.


 

Le joueur :

 

Cela faisait bien longtemps que l'on n'avait vu Yobo influer autant sur le jeu. Décisif sur deux des trois essais, il a fait taire quelques oiseaux de mauvais augure qui prédisaient à l'ancien bleuet un retour difficile à son meilleur niveau. Avec des matchs comme ça, on peut continuer de rêver à la Légende de Jimmy.


 

Le mot du bon président Millette :
"Qu'est c'qu'on se fait chier, le monde est trop petit."


 

Les ROQUET  de la rédaction

A chaque match à domicile, la rédaction décernera aux joueurs, en toute mauvaise foi, les Roquet d'or : 

5 Roquet : Match exceptionnel, inoubliable, historique

4 Roquet : Très, très bon match

3 Roquet : Très bon match

2 Roquet : Bon match

1 Roquet : Pas mal

Yobo

Hayes, Datunashvil, McPhee, Boisset, Maninoa, Roussel, Valentin, Ratu, Petitjean

Catanzano, Fournier, Taukeiaho, Kemp

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