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                                Saison 109, épisode 25

La fois où Polo Boisset il aurait mérité un César.

Avant match
 
Le parvis flambant neuf du stade brille de mille feux. Trois bagnoles rutilantes sont installées là, garées en corolle entre des oriflammes publicitaires. Attirés par de telles splendeurs, les curieux s'approchent et peuvent ainsi découvrir le sticker placardé sur les portières "AVEC RENAULT AURILLAC, TRANSFORMEZ L'ESSAI !". A coup sûr, le mec qui a trouvé le slogan doit être le même qui nous avait déjà bien fait rire avec le désormais mythique : "Faire plus avec Moins". Souhaitons au marchand de voitures plus de succès qu'au pauvre Monsieur Moins, laminé dès le premier tour du scrutin municipal (je le précise pour nos nombreux lecteurs de l'étranger) (à Saint-Flour notamment). En fait, tout le monde a fait plus que Moins.
 
Dans cette ville, rien n'est sérieux sauf le rugby et l'apéro, alors fini de rire, il est 18H15, je pénètre dans le temple.
Bonne surprise, il y a du monde. La tribune est presque pleine. Pourtant ce n'est pas le frisson des phases finales qui attend les fidèles du samedi soir, seulement un match de fin de saison mais contre la bête noire de ces dernières années qui, de surcroît, avait infligé, lors du match aller, une monumentale branlée que les orgueils cantalous n'ont pu oublier. Même le vent violent qui a soufflé toute la journée sur le Cantal s'apaise juste avant le coup d'envoi. Ce soir les Dieux du Rugby semblent avoir posé un oeil bienveillant sur le gazon du Jean Alric. Allez lou ya !
 
Le match :
 
Après un premier temps fort Tarbais, la défense locale se montre plutôt rassurante. Les Cantalous posent ensuite la main sur le cuir et avancent au coeur du territoire Bigourdan, proprement. On varie bien le jeu, Maituku de retour de blessure, nous offre deux ou trois percées qui laissent sur le cul les pourtant très impressionnants gros d'en face, et au bout de dix minutes de pilonnage méthodique, c'est le Petit Prince de Marathon qui va trouver le petit trou, le petit trou, toujours le petit trou. Derrière une 89 d'école, Boisset vient mourir à 10 cm de la ligne, Maninoa, en relais, va aplatir. Un petit trou de première classe entre les poteaux.
(7-0, 10e).
 
Deux minutes plus tard, Boisset va nous montrer une autre facette de son talent : le jeu d'acteur.
Je vous résume la pièce : suite à un plaquage un peu haut de l'ailier Delai, Polo se tortille au sol, gémit et obtient une pénalité. Fin du premier acte.
A l'entrée des seconds rôles, que sont le soigneur et le public, il se meurt de plus belle. Le médecin regarde l'arbitre comme pour lui dire : "il nous l'a tué, le petit chat est mort, protocole décès". Magistral.
Le public, tout imprégné de son rôle, hurle "salaud, boucher, assassin !!!! ". Fin du deuxième acte.
Bluffé par une telle performance dramatique et la peine de mort ayant été abolie, l'arbitre Monsieur Descottes, ne peut qu'infliger un carton jaune à Delai. Fin de l'acte 3.
Ô Miracle ! C'est le moment que choisi Boisset pour revenir d'entre les morts. En se relevant, il balance un clin d'oeil à la Aldo Maccione en direction du banc de touche. Rires. Rideau. Applaudissements.
 
Mais à 14, les Gascons ne s'en laissent pas compter. Bien aidé par le vent, le Néo-Z Moeke va nous en passer une de 55 mètres. Joli. (7-3, 15e).
Les "sang et bleu" repartent de plus belle. Ca joue plutôt bien mais c'est en mêlée que ça pèche. L'homme en vert prend en grippe la première ligne Auvergnate et distribue généreusement des pénalités dont les Pyrénéens ne feront pas grand chose mais qui retarderont un peu l'échéance.
A peine revenus à 15, les Tarbais vont de nouveau jouer à 14 après que Brice Chevchenko vienne prendre un carton jaune amplement mérité (celui-là) pour une faute d'antijeu grossière. Pas nice Brice.
 
Les Cantalous repassent en mode conquérant et suite à une séance de "rentre-moi dedans", Boisset relève la balle pour Petitjean qui fixe bien et balance un superbe sauté vers Tokula qui n'a plus qu'à poser l'ovale dans l'en-but.
(12-3, 28e).
Toujours dominateur en mêlée, les Bigourdans reviennent dans la partie grâce au pied de Moeke.
(12-6, 30e).
Puis,
(12-9, 36e).
La première ligne craque de nouveau. Fournier prend la punition pour tout le monde. Carton jaune sur la dernière action, les Tarbais égalisent juste avant la sirène.
(12-12, mi-temps).
 
Même si la partie est loin d'être gagnée, les Cantalous ont malgré tout montré de belles choses, d'autant que leurs adversaires d'un soir sont, de toute évidence, venus pour chercher quelque chose. Du coup, cela nous donne un match vraiment agréable à suivre : engagé mais correct , inspiré mais réaliste, viril mais sensible.
 
En seconde mi-temps, les Aurillacois auront le vent dans le dos mais devront jouer les dix premières minutes à 14. Les joueurs vont super bien gérer ces instants cruciaux. Ils défendent chez l'adversaire et jouent les coups à fond, à l'instar de Valentin qui, sur une relance dans ses 22, va virevolter sur 80 mètres avant de se faire reprendre.
Maxime Petitjean, en métronome, ne rate rien, il va nous en mettre une de 45 mètres en coin sur son mauvais côté. Rassurant. (18-12, 51e).
Même s'il n'y aura plus d'essai inscrit, le jeu déployé par les deux équipes reste joli à regarder.
Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
 
Devant, les remplaçants vont faire le job en donnant des munitions à leur buteur. Apparemment, l'impasse contre le LOU la semaine dernière a fait du bien. Notre artilleur local Petitjean semble vraiment revenu à son meilleur niveau après un hiver un peu compliqué, comme on dit pudiquement.
"Une hirondelle ne fait pas le printemps mais un Maxime en forme fait le beau temps" (proverbe corrézien).
Il suffira d'un cygne.
(27-18, fin).
 
L'action :
 
Jack McPhee va nous espanter en nous offrant une course stratosphérique. Il perce le premier rideau en passant par un trou que lui seul a vu.
En fait, ce mec est un faux lent. Quand il court il ne ressemble à rien mais jamais personne ne le reprend. Hélas, en bout de course, il foirera complètement sa passe pour Tokula qui, dans un réflexe génial et Zidanesque, va reprendre le cuir du plat du pied gauche, de volée. Il dose parfaitement et est à trois doigts d'aplatir en coin.
 
 
La boulette :
 
Combien de points la taille des poteaux va-t-elle encore nous coûter ?
S'il vous plaît Monsieur le nouveau et ancien maire (c'est le même), je vous le dis avec le plus grand respect : il faut des poteaux plus hauts. Cela fait au moins 5 fois depuis le début de la saison que notre buteur se voit voler par des arbitres qui ne prennent pas le risque de se tromper quand les missiles de Petitjean passent plus haut que les barres.
Alors Monsieur le premier d'entre nous, faites un geste fort qui restera dans l'Histoire de la ville, faites installer des poteaux digne de ce nom. Ainsi Jean Jaurès serait fier de vous.
Et si vous n'avez pas assez de sous, prenez ceux de La Ponétie, ils sont déjà deux fois plus hauts. S'il le faut, je viendrais même vous filer ma patte d'ours.
 
Le joueur :
 
Bien épaulé par Roussel et Maituku, Jr Maninoa a rendu, une fois de plus, une copie de premier de la classe.
Hormis ses qualités naturelles de sauteur-coureur-défonceur, ce soir, il a eu presque tout bon. Son influence sur le jeu fut indéniable. Un Junior en or.
 
Le mot du bon président Millette :
 
"Combien il a fait Moins aux élections...? Ah bon, pas plus !".
 

Les ROQUET  de la rédaction

A chaque match à domicile, la rédaction décernera aux joueurs, en toute mauvaise foi, les Roquet d'or : 

5 Roquet : Match exceptionnel, inoubliable, historique

4 Roquet : Très, très bon match

3 Roquet : Très bon match

2 Roquet : Bon match

1 Roquet : Pas mal

Maninoa, Boisset

Datunashvili, Hayes, Petitjean, Valentin, Tokula, McPhee, Maituku, Roussel

Escur, Pélissier

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