Saison 109, épisode 11
La fois où le Prince Millette il a pas parlé à toi.
Avant-match :
Féerie, magnificence, modernisme, splendeur, savoir-faire, audace architecturale tels sont, pêle-mêle, les mots qui viennent en tête lorsqu'on contemple le nouveau bijou dont s'est doté le Stade Aurillacois Cantal Auvergne, à savoir... la nouvelle billetterie directement inspirée de la Tour Khalifa de Dubaï. En descendant du bus, face à l'insolente beauté des guichets, les Montois sentent immédiatement à qui ils ont affaire et passent devant les caisses les yeux baissés. Derrière leur hygiaphone, les papys qui vendent les tickets sont aux anges : "Bon d'accord, y'a pas encore l'électricité ... mais dans quelques années, on pourra même avoir le WIFIFI.... enfin y paraît".
Une fois de plus à Aurillac, l'hiver est arrivé avant la fin de l'automne. A peine commencé, le temps des cèpes a cédé sa place au temps du rien.
Rugbystiquement parlant, retour dans le dur pour les Cantalous. Vaillants mais perdants contre Lyon puis carrément humiliés à Tarbes, leur place de barragiste ne tient plus qu'à un fil dentaire. Ajoutez au tableau, une bise sibérienne qui combinée à la diffusion télévisée, a finalement dissuadé beaucoup de supporters de monter jusqu'au stade.
Chez les Landais, ce n'est pas encore la crise mais pas loin. Pourtant, malgré un début plus que décevant pour une équipe descendant de TOP 14, Christophe Laussucq garde la pêche : "nous avons le talent pour jouer la montée. Ce qu'il nous faut, c'est un déclic... et pourquoi pas ce dimanche...". Méthode Coué ou méthode Benzema? Faut voir...
Boisset, Valentin
Le match :
Sur le coup d'envoi, Valentin gratte le ballon et après un seul temps de jeu, Boisset envoie la cavalerie. D'abord Petitjean puis passe semi-volleyée de Kemp et voilà McPhee et Ratu qui nous jouent un 2 contre 2 d'école, passe après contact, redoublée, bref un essai de tableau noir juste parfait.
Waouuuuh.
(7-0, 1ère).
Ensuite, c'est comme dans un rêve. Morts de faim, les Cantalous récupèrent tous les ballons et obtiennent même une pénalité sur la première mêlée. Sur la pénaltouche qui en découle, Petitjean envoie une passe au pied de 30 mètres vers Ratu qui marque un nouvel essai injustement refusé pour un arrêt de volée imaginaire.
Waouuuuh, Waouuuuh.
La férocité défensive des Cantalous est impressionnante et Petitjean, encore lui, vient héroïquement plaquer Durquet et obtient une pénalité 48 mètres en coin qu'il s'empresse d'enquiller.
Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh.
(10-0, 8e).
Les Montois sont maintenant complètement dépassés et à force de venir se fracasser contre la muraille rouge, finissent par rendre les ballons au pied. Sur l'une de ces chandelles de dépit, les cannes de Valentin gagnent encore 20 mètres tout en fixant quatre abeilles. Malheureusement, Boisset récupère mais foire sa passe. Qu'à cela ne tienne, Tokula ramasse la saucisse et balance une sautée Wilkinsonnienne de 24 mètres (selon nos calculs), trouve le colossal Maituku qui cloue une poignée de Landais perdus au milieu du terrain, Kemp reçoit le cuir, avance encore, passe à Ratu qui aspire toute la défense et donne à Boisset qui envoie Petitjean, lancé comme une météorite, pour un essai de PlayStation.
Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh.
(15-0, 13e).
Une minute plus tard, le demi de mêlée Pic essaie de jouer rapidement une penalité. Le malheureux tente un petit coup de pied pour lui-même mais n'arrive pas à lober Boisset (c'est dire), du coup, la balle arrive à Valentin qui virevolte tel un frelon au printemps, intérieur, extérieur, gauche, droite, feinte du regard... et par cette danse saccadée, hypnotise le pourtant très expérimenté Arrayer qui tombe presque tout seul.
T'as l'bonjour d'Albert !
Exploit individuel du jeune ailier Aurillacois, essai de 80 mètres.
Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuu, Waouuuuh, Waouuuuh.
(22-0, 15e).
Certainement à la recherche du déclic, les visiteurs continuent à jouer comme si rien ne c'était passé et imposent de longues séquences de jeux mais rien n'y fait. Malgré dix bonnes minutes passées dans le camp adverse, zéro point, peanut, keutchi, pas de déclic en vue. En revanche, les locaux, eux, sortent les barbelés et marquent à chaque occasion. L'insaisissable Tokula, arrêté illicitement sur la ligne, provoque un carton jaune sur le néo-Z Leota.
(25-0, 33e).
En toute fin de mi-temps, les "sang et bleu" auraient même pu rajouter un suppositoire de plus sur l'ordonnance en marquant un essai qui paraissait pourtant tout cuit.
(28-0, mi-temps).
Dans la tribune, l'ex-député Descoeur félicite le bon président Millette : "quelle inspiration, quelle rapidité, quelle solidité, quelle organisation !!!".
"Miladiu !!", répond fièrement le bon président Millette, "c'est vrai qu'elle a une sacrée allure notre nouvelle billetterie, avec ses courbes élancées mais généreuses... Humm, moi, j'la bade, j'me lasse pas de la regarder...".
Même Jean Abeilhou se retourne vers lui, pouce levé, comme pour le complimenter.
"Tu vois", relance-t-il à son voisin, "même dans les médias nationaux , ils apprécient la nouvelle cabane pour les tickets... Pétard de pétard, j'ai une de ces PATATE moi !!!".
Pendant la pause, les entraîneurs Montois ne rentrent pas immédiatement aux Algécos et laissent leurs joueurs entre eux. Laussucq nous confie : " il faut les mettre face à leurs responsabilités... nous, en tant que coachs, on n'a plus qu'à attendre le déclic."
But here's my number, so call me maybe ?
A la reprise, les avants Landais ont compris qu'il fallait proposer autre chose pour inquiéter les Cantalous. Intelligemment, ils vont la jouer au vice et patatras, ça marche! Deux cartons en trois minutes. C'est d'abord Brady Le Rouge qui est verbalisé puis Tokotuu dit Bernie la mèche qui se fait avoir. Les Aurillacois se retrouvent alors à 13 mais ne lâchent rien. Les voilà en train de jouer des mêlées avec Yobo et Kemp en position de 3ème ligne. Les mecs ne reculent pas d'un iota et provoquent même des fautes. Bilan des deux expulsions temporaires : zéro point, nothing , walou, nichts, nada, que dalle.
Privés de ballon pendant vingt minutes, les Cantalous reviennent enfin dans le camp Aquitain et suite à un coup de pied tactique, Polo la Science trouve une touche sur les 5 mètres. Brian Hayes trouble le sauteur Landais qui tombe le ballon dans les bras de Brady Le Rouge qui aplatit. Premier essai en rouge et bleu pour l'Irlandais qui, sur le coup, a su démontrer une belle vivacité. Nigel to hell !
(35-0, 58e).
Pour que la fête soit complète, c'est maintenant le banc qui va aller scorer suite à trois mêlées effondrées par un pack gascon complètement à la ramasse. Les gros vont extorquer un essai de pénalité. Derrière la main courante, on entend : "putaing, mais c'est les All Blacks !".
Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh, Waouuuuh.
(42-0, 71e).
Cinq essais à zéro, aucun point encaissé. La réaction après la branlée tarbaise est impressionnante. Quelle leçon de rugby ! La correction est sévère. Mais trompés par leur bon coeur, les Aurillacois vont trouver le moyen de prendre 12 points en trois minutes. Et voilà que les Montois ont une dernière possession à jouer pour priver les Cantalous du bonus. Mais tout est bien qui finit bien, Mr Noirot siffle la fin du match sous les vivas de la maigre foule en délire.
(42-12, fin du match).
Dans un coin du stade, Christophe Laussucq nous déclare : "je suis extrêmement satisfait de mes gars. Nous avons réalisé cinq dernières minutes de rêve. Je sais maintenant que nous sommes dans le vrai et que le déclic peut se produire à tout moment... dans le bus... à l'entraînement... n'importe où et surtout n'importe quand".
De son côté, Davidson est fou de joie et lance dans les vestiaires : "bon, poor les grosses, c'était cente poor cente today... Alors, c'est restowante chinoise poor toute le monde". Continuez à nous faire rêver MÔsieur Jeremy. Et comme dirait Maxime Petitjean citant J.J Goldman "Long is the road"...
L'action :
(67e). Magnifique percée collective des joueurs Aurillacois qui, dans cette action, vont presque tous toucher le ballon. Mais c'est Tokula qui va impressionner le plus en mystifiant deux défenseurs avant de tamponner le 15 Montois qui doit encore en avoir mal à la tête, puis enchaînement avec Maninoa, Yobo et enfin McPhee qui va finalement lâcher le cuir à 50 centimètres de l'en-but. Fichtre, que ce fut beau !
La boulette :
Incontestablement, la boulette de la semaine est à mettre au crédit du coiffeur du jeune mastodonte Bernard Tokotuu. Là , on est obligé de dire que le combo moustache de novembre
plus mèche blonde, c'est vraiment pas ça. A moins que ce ne soit une tactique pour faire rire les pillars d'en face avant les mêlées... Qui sait...
Le joueur :
Bon ben là , sur le coup, y'a presque 23 hommes du match. Mais bon, on se souviendra de l'excellente prestation du Néo-Tongo-Zélandais Savenaca Tokula qui, en plus d'avoir un nom rigolo, est aussi puissant, rapide, perforateur... Ce garçon semble avoir toutes les qualités. Bonne pioche.
Le mot du bon président Millette :
"Je vous jure que, vu du ciel, ma billetterie ressemble vraiment à la Tour Khalifa de Dubaï !!".
Les ROQUET de la rédaction
A chaque match à domicile, la rédaction décernera aux joueurs, en toute mauvaise foi, les Roquet d'or :
5 Roquet : Match exceptionnel, inoubliable, historique
4 Roquet : Très, très bon match
3 Roquet : Très bon match
2 Roquet : Bon match
1 Roquet : Pas mal
Roussel, Maïtuku, Kemp, Petitjean, Tokula
Brady, Hayes, Maréchal, Ratu, Maninoa
Fournier, Tokotuu, McPhee
